Geprico (janvier 2023-janvier 2027), lauréat de l’ANR, réunit 5 laboratoires du CNRS (Temos, UMR 9016 ; AOrOc, UMR 8546 ; ASM, UMR 5140 ; CCJ, UMR 7299 ; Halma, UMR 8164) autour de la thématique des pratiques grecque, étrusque et gauloise du banquet en Méditerranée nord-occidentale entre le VIe et le IVe s. av. J.-C.
Durant cette période, la Méditerranée nord-occidentale est parcourue par trois grandes civilisations de navigateurs : Étrusques, Grecs et Phénico-puniques. A partir des principaux ports d’Étrurie maritime, les Étrusques entretiennent des relations commerciales maritimes avec les Grecs et les communautés indigènes qui peuplent la côte gauloise et nord-ibérique. Les communautés autochtones de la bande littorale de cette région, en particulier celles du Sud de la France, ont activement participé à ces échanges. Les comptoirs littoraux, à la fois centres d’échanges ouverts au commerce méditerranéen et interfaces susceptibles d’accueillir de manière temporaire ou permanente des négociants étrangers, voient se développer des phénomènes de partage et de mixité à côté d’expressions culturelles et sociétales diversifiées. Parmi les interactions et interpénétrations culturelles rapprochant les sociétés étrusque, grecque et gauloise, le rite de commensalité est l’un des mieux documenté grâce aux sources matérielles retrouvées dans les habitats et les tombes : vaisselle de banquet, vases de stockage et de transport, céramique culinaire, restes biologiques de repas (archéozoologie et archéobotanique). Les témoignages archéologiques abondent de banquets collectifs caractérisés par une culture matérielle en partie commune d’origine grecque et étrusque (plats, vases à boire, à verser, à stocker, mortiers, amphores...). Selon les contextes, il s’agit de repas pour les vivants, pour les morts mais aussi pour les divinités sachant que l’on retrouve les mêmes catégories céramiques dans les sanctuaires. On mange et on boit dans les sanctuaires à l’occasion des sacrifices et, dans le cas des théoxénies, les dieux participent même au festin « comme s’ils étaient des hommes ». Au-delà d’une apparente similitude interprétée au filtre du modèle du symposion gréco-étrusque, se pose la question de la réalité et de la diversité des rites selon les contextes archéologiques (habitat/funéraire/sanctuaire) et les domaines culturels (étrusque/grec/gaulois).
Une approche novatrice combinant l’étude techno-fonctionnelle des artefacts avec les analyses biochimiques et protéomiques de leurs contenus, permettra de dégager les spécificités du rite d’une région à l’autre et d’un type de contexte à l’autre. 8 contextes en Italie, Espagne et France ont été sélectionnés : 1) Tarquinia, complexe monumental de la Civita ; 2) Pyrgi, sanctuaire portuaire ; 3) Gravisca, sanctuaire portuaire ; 4) Aléria, tombes monumentales à chambre de Mattonata et d’Arboratelle-Casabianda ; 5) Marseille, salles de banquet de la Place des Pistoles et du Collège du Vieux-Port ; 6) La Monédière, fosse votive avec restes d’un banquet collectif ; 7) Lattes et La Courgoulude, fosses votives avec restes de banquets collectifs ; 8) Ampurias, sanctuaire portuaire. Au sein de chacun des contextes seront étudiés environ 25 artefacts en céramique, en pierre et en métal en lien avec la préparation ou avec l’accomplissement du rituel collectif : mortiers, braseros, kernoi vases plastiques, vases miniatures, céramiques culinaires, vases de transport, vases de stockage, à mélanger, à servir, à boire, vases ayant fait l’objet de mutilations ou bris rituels. Ce sont ainsi près de 200 artefacts qui feront l’objet d’une étude fonctionnelle incluant tracéologie et volumétrie couplée à des analyses moléculaires (GC-MS) et protéomiques.
Mots-clefs : Méditerranée nord-occidentale ; Phocéens ; Étrusques ; Gaulois ; Banquet ; Analyses biomoléculaires ; Céramologie ; Tracéologie.