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colloques, séminaires, expositions... organisés ou accueillis à la MSHB

La propriété ecclésiastique dans l’Europe atlantique au Moyen Âge et à l’époque moderne, IXe-XIXe siècle

Armorique, Amériques, Atlantique
Journée d'étude

Dans la continuité du colloque organisé en février 2020, le projet EGLITERRE programme deux journées les 17 et 18 juin.

L’économie monastique et canoniale : terre, exploitations, contrats dans l’Europe de l’ouest au Moyen Âge et à l’époque moderne

Les terres d’Église dans l’Europe atlantique : un enjeu foncier, politique et financier

 

 

L’économie monastique et canoniale : terre, exploitations, contrats dans l’Europe de l’ouest au Moyen Âge et à l’époque moderne

Jeudi 17 juin 2021

 

Présentation

Á la suite d’une première journée consacrée à la constitution du temporel ecclésiastique, cette deuxième s’intéresse aux formes prises par ces propriétés et aux modalités de leur mise en valeur, au sein de l’espace atlantique.

Les domaines de l’Église se différencient sensiblement de ceux détenus par les autres propriétaires fonciers : par leur origine (des aumônes de taille variable et dispersées), leur fonction ou leur statut (bénéficiant de la protection de l’immunité). Si au Moyen Age, il s’agissait initialement d’assurer l’autoconsommation des communautés monastiques ou de fournir des revenus pour la construction des églises et le devoir de charité, assez rapidement la situation évolue avec l’augmentation de la taille des domaines ou le passage des abbayes sous le système de la commende. Les modalités même de la mise en valeur sont au cœur de nos interrogations : recettes pragmatiques justifiées par les habitudes ou application de modèles plus réfléchis appuyés par une gestion éprouvée, en connexion avec des marchands pour assurer la vente.

Leur mise en valeur, surtout lorsqu’elle s’appuie sur des cultures spécifiques (vignoble, arboriculture…) suppose ou nécessite des travaux importants et réguliers, entretien que les moines astreints à une règle stricte ou les chanoines et prêtres engagés dans des charges séculières ne peuvent assurer seuls, et encore moins les évêques et repose, en grande partie, sur le travail assuré par des personnes extérieures, distingués par différents statuts - serfs puis tenanciers-, dont certains ont négocié des contrats spécifiques. Elle passe aussi par la mise en ferme ou en régie des domaines, introduisant sur ces terres, des agents intermédiaires au service des investisseurs.

Si l’historiographie a permis de mieux connaitre la composition de ces domaines, d’identifier des types de contrats récurrents et de proposer des approches sociologiques sur le monde rural, ces études restent encore limitées et imprécises pour le Moyen Age en raison de la méconnaissance du vocabulaire contenu dans les chartes, de l’imprécision des mesures agraires utilisées ou de l’absence de référentiels. Pour l’époque moderne, la gestion de quelques temporels d’abbayes est connue mais ce n’est presque jamais le cas pour ceux des évêques et des chapitres, et très imparfaitement pour les biens des paroisses. Des études comparatives à l’échelle de cet espace large permettent de préciser ces notions, de dépasser les diversités lexicales déroutantes et d’établir des comparaisons stimulantes. L’identification des composants domaniaux et des contrats apporte aussi des éléments de réflexion sur la place de l’économie monastique ou canoniale au sein d’une région et leur rôle dans l’essor des réseaux d’échange (les foires et marchés), ainsi que dans la diffusion des progrès agraires. 

 

Programme

 

9h30 | Accueil

10h00 - 10h30 | Catherine Letouzey-Rety (Université Paris I - LaMOP) (en visioconférence)

Entre Angleterre et Normandie : les abbesses de La Trinité de Caen et l’administration d’un temporel anglo-normand (fin XIe-milieu du XIIIe siècle).

Dès la fin du XIe siècle et le début du XIIe siècle, l’abbaye de La Trinité de Caen se trouva à la tête d’un vaste temporel anglo-normand, qu’il revenait à sa première abbesse, Mathilde de Préaux, puis aux supérieures qui lui succédèrent, d’administrer. Les chiffres fournis par Eudes Rigaud, deux siècles plus tard, témoignent de la réussite des religieuses, qui sont parvenues à préserver ce temporel, et, sans doute, à le faire fructifier. Ce constat ne manque pas de soulever la question des pratiques de gestion concrètes adoptées par les moniales pour administrer leurs biens, séparés de part et d’autre de la Manche.

On se focalisera sur l’analyse de la structure administrative mise en place à La Trinité de Caen – structure qui constitue un cas atypique parmi les établissements monastiques disposant de terres en Angleterre. En l’absence complète de prieurés – aussi bien en Angleterre qu’en Normandie – la gestion des biens implique l’intervention personnelle de l’abbesse, et la nomination d’agents de gestion locaux. Cette spécificité soulève un certain nombre d’interrogations : si la Manche ne constitue certes pas une barrière, l’absence de prieuré soulève un problème réel, très similaire à celui rencontré dans les grandes abbayes carolingiennes. La distance, et la clôture monastique, constituent-elles réellement un obstacle pour la gestion de ce temporel ? Quelle est la capacité effective d’action de ces femmes ? On s’attachera donc à éclairer un certain nombre des spécificités des méthodes et des  instruments de gestion des abbesses de Caen entre la fin du XIe siècle et le milieu du XIIIe siècle.

10h45 - 11h45 | Philippe Racinet, Maxime Larratte, Jean-Marc Popineau (Université Picardie Jules Verne – TRAME)

Étude pluridisciplinaire d’un domaine vivrier monastique, la franchise de Grandmont (Haute-Vienne) aux époques médiévale et moderne.

Autour de Grandmont, un territoire, composé d’exploitations appartenant en propre à cette célèbre abbaye, a bénéficié, au cours des siècles, de privilèges donnés principalement sous la forme d'exemptions fiscales. Cette  franchise était bornée et fermée de murs depuis le XIIIe siècle au moins.

L’espace concerné, d’environ 850 hectares, a été appréhendé selon les méthodes de l’archéologie extensive, s’appuyant principalement sur la géographie, les prospections, l’étude cartographique et l’analyse des sources écrites. Un SIG a permis de numériser et de géo-référencer les différents travaux, afin de créer une base de données opérationnelle et de réaliser des cartes thématiques et synthétiques.

Par ailleurs, la mise en oeuvre d’un relevé LiDAR a été rendue possible grâce au soutien financier du Service régional de l’Archéologie de Nouvelle Aquitaine, site de Limoges. L’opération, effectuée en décembre 2019 par la société HELIMAP, a livré de nouvelles informations sur la microtopographie, l’hydrologie et le parcellaire de toute la franchise. Ces dernières seront intégrées dans le SIG et systématiquement vérifiées sur le terrain. Au retour, le relevé LiDAR fournira un cadre idéal pour la synthèse de toutes les données.

11h45 - 14h00 | Déjeuner

14h00 - 14h30 | Cédric Jeanneau (univ. de Brest-CRBC)

Les formes de la propriété monastique en Bas-Poitou : question foncière ou question de vocabulaire

La dotation foncière et la nature des propriétés que pouvaient accepter les moines ayant fait vœu de pauvreté ont constitué un des fondements principaux des polémiques qui ont agité le clergé, surtout à l’époque grégorienne, marquées par les fameuses querelles qui ont opposé cisterciens, fontevristes ou grandmontains aux bénédictins. Dans les actes de la pratique qui constituent l’essentiel de l’écriture monastique, cette pluralité peut se traduire de plusieurs manières : elle peut être minorée, dissimulée derrière des formules et un vocabulaire répétitif repris d’une abbaye à une autre, ou amplifiée par l’emploi d’une diversité de termes que les dictionnaires et lexiques ont bien du mal à définir.

Interroger le vocabulaire des chartes et notices, en chercher la signification permet de dépasser les définitions toutes faites et imaginées comme pérennes pour réfléchir au sens que le copiste a pu vouloir leur donner, au sein d’une production écrite qui reste particulière, liée à un espace et à des circonstances spécifiques. Cette réflexion constitue un moyen pour questionner la pertinence de certains modèles volontiers étendus à toutes les régions comme le système domanial articulé autour d’une réserve et de tenures ou le concept de propriété. Le Bas-Poitou, la Vendée, terre d’accueil de la plupart des ordres monastiques (bénédictins, cisterciens, fontevristes, grandmontains, chanoines réguliers) constitue un espace privilégié pour ce type d’observation.

Trois axes ont été retenus : l’idée de la pleine propriété, tout d’abord, incarnée dans le terme alleu. Son emploi signifie-t-il que les moines avaient véritablement reçu la pleine propriété d’une terre et inversement son absence dans une large partie du Bas-Poitou, le témoignage d’une forme de possession différente ? La diversité des termes, dans un deuxième temps, utilisés pour désigner les tenures accordées par les moines surprend : ce choix est-il dicté par la nature de la possession, les redevances, les obligations du tenancier, le terroir ou simplement des habitudes scripturaires différentes ? À travers le décryptage des écrits de la pratique, peut-on mettre en évidence, à la fin, une perception différente de la propriété et de ses usages selon les différents établissements monastiques de la région ?

14h45 - 15h15 | Georges Pon (Université de Poitiers - CESCM)

L'abbaye de Maillezais en Bas-Poitou : un domaine bénédictin au coeur des mondes atlantiques.

15h45 - 16h15 | Brice Rabot (Université de Nantes – CRHIA)

Gérer les temporels ruraux à la fin du Moyen Âge dans un contexte de crises : l’exemple de la Bretagne méridionale au XVe siècle

Comme les autres seigneurs, les ecclésiastiques sont confrontés à une série de difficultés dans la seconde moitié du XVe siècle. La très grande variété des crises oblige les ecclésiastiques à redoubler d’attention pour gérer, au mieux, leurs patrimoines et stabiliser leurs revenus. Tous n’y parviennent pas. Certains facteurs sont endogènes (manque de bras et de compétences, hommes plus ou moins scrupuleux), tandis que d’autres sont exogènes (affrontements politiques qui deviennent militaires dans les années 1460 avec la France ; épisodes météorologiques violents et soudains, etc.). Dans la perspective du projet Egliterre, nous présenterons plus précisément les  temporels ruraux des communautés jalonnant l’espace breton méridional. Cet ensemble paraît en effet tout à fait approprié pour observer les conséquences des crises de la seconde moitié du XVe siècle en se fondant sur un corpus resserré. Quelques questions peuvent résumer nos perspectives. Comment les ecclésiastiques ont-ils surmonté ces crises ? Quels outils ont-ils employés ? Ont-ils fait appel à des moyens différents par rapport à leurs homologues laïques (pour quelles raisons en ce cas) ?

16h30 - 17h00 | Luna Pablo (Sorbonne Université & Centre de recherches historiques CRH-EHESS-CNRS-Erhimor)

Les institutions ecclésiastiques galiciennes et asturiennes, durant la crise des foros, au milieu du XVIIIe siècle.

Au cours des décennies centrales du XVIIIe siècle, le Nord et le Nord-Ouest de la péninsule ibérique ont été secoués par la dénommée « crise des foros ». Si ce n’est pas le seul espace européen où les conflits entre la possession dédoublée de la terre, d’une part, et sa possession absolue (ou « perfectionnée »), d’autre part, se sont manifestés, la configuration des oppositions y a présenté des traits singuliers, que nous aimerions mettre en relief. Les couvents et les monastères, qu’ils soient anciens ou plus récents, ont fait partie des protagonistes principaux dans cette crise qui, tout en rompant des alliances sociologiques et des pratiques légales établies dans le temps, ont cherché à remplacer les anciens contrats de cession de terres, afin d’en imposer d’autres plus favorables à leurs intérêts de court terme. Face à eux, le bloc du domaine utile, tout au long de la géographie orientale galicienne et occidentale asturienne (principalement), a réussi à articuler des groupes et des segments sociétaux très divers, afin de défendre le maintien de leur possession durable sur les biens fonds et pouvoir ainsi déjouer les forces subversives à l’oeuvre.

Cette communication souhaite présenter les enjeux les plus importants dans cette confrontation de moyen terme, ainsi que la particularité de son dénouement, y compris ses effets sur l’avenir proche de cet espace ibérique.

17h15 - 17h45 | Olivier Charles (Université Rennes 2 – Tempora)

Au coeur des patrimoines capitulaires bretons. Chanoines et maisons prébendales à la fin de l’Ancien Régime

Le dossier des patrimoines fonciers et immobiliers capitulaires et de leur gestion n’a guère été étudié en Bretagne. Aujourd’hui encore, pour amorcer une réflexion sur le sujet, il faut se référer aux descriptions proposées à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle par des auteurs – souvent chanoines – comme A. Guillotin de Corson (Dol, Rennes, Saint-Malo), G. Durville (Nantes), J. Le Mené (Vannes)… Les biens des chapitres cathédraux sont également évoqués par quelques rares travaux contemporains consacrés aux seigneuries ou aux propriétés foncières à l’époque moderne.

Inégalement dotées, les compagnies bretonnes fondent pourtant une bonne partie de leurs activités ainsi que les rétributions de leurs membres sur la perception régulière d’un ensemble de rentes, de loyers, de dîmes provenant  de terres, de métairies, de maisons. Parmi ces dernières, il en est qui jouissent d’un statut particulier car elles sont associées aux revenus des chanoines : les maisons prébendales. Si ces maisons contribuent à inscrire l’influence des chapitres dans l’espace urbain, elles sont également sources de bien des désagréments. Propriétés capitulaires, elles sont en effet attribuées à titre personnel à des chanoines, à charge pour eux de les entretenir.  Malheureusement, lors du départ ou du décès des bénéficiaires, les compagnies s’aperçoivent souvent qu’elles sont dégradées. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ce constat – et les procès et travaux qu’il engendre – les conduit à revoir le mode de gestion de ces maisons…

Conclusions

 

Les terres d’Église dans l’Europe atlantique : un enjeu foncier, politique et financier

Vendredi 18 juin 2021

 

Présentation

La terre accordée à l’Eglise se retrouve soustraite du marché foncier et protégée par un statut particulier, l’immunité à laquelle s’ajoute la menace de sanctions spirituelles matérialisées par l’excommunication.  Ces considérations sont sans doute efficaces quand le souvenir des donations est encore proche, mais elles perdent de leur impact à mesure que celui-ci se dilue dans la profondeur « des temps immémoriaux ». Le pouvoir politique, quel qu’il soit, garde cependant un œil sur ces domaines. Au cours de son histoire, la propriété ecclésiastique a ainsi été régulièrement aliénée par les autorités et son statut fréquemment remis en cause : instauration de la commende, suppression des communautés monastiques en Angleterre, nationalisation des biens du clergé à la Révolution, desamortización dans la péninsule ibérique.

Presqu’aussi fréquente que l’aumône, la calumnia s’inscrit à l’encre noire sur les parchemins. Cette proximité entre le don et la réclamation, entre l’aumône et la contestation a interrogé les historiens : témoignage de la mainmise de l’Eglise sur la propriété foncière, illustration de la violence d’une élite envers les plus pauvres, entreprise avant tout rhétorique d’influence grégorienne destinée à culpabiliser les laïcs. Les positions sont plurielles et ont évolué dans le temps. Les approches pluridisciplinaires et notamment l’anthropologie ont permis de comprendre comment, malgré la faiblesse des moines et l’inanité des sanctions imposées aux seigneurs fraudeurs, des moyens « efficaces » pour résoudre les conflits, généralement en leur faveur avaient pu s’imposer et être reconnus (jugements de Dieu). Avec les temps modernes, cette problématique, là encore, se transforme, ce n’est plus en tant que religieux que les détenteurs de terres sont contestés mais en tant que grands propriétaires, jouissant de statuts privilégiés (biens de mainmorte par exemple) au regard de l’Etat comme des autres groupes aspirant eux aussi à tirer des bénéfices économiques ou du prestige social de la possession foncière. Le moine, l’évêque ou le chanoine ne sont plus guère perçus en tant qu’intermédiaires assurant une voie vers le salut mais comme seigneur exigeant (trop exigeant ?) ou parfois illégitime quand on considère qu’il ne rend plus les services qu’il devait à la communauté comme dans les critiques violentes adressées aux réguliers dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. C’est aussi en ces termes que l’on peut comprendre les décisions de nationalisation et de vente des biens du clergé dans la France en révolution de 1789 et 1790.

Le conflit n’est donc pas hors du temps et il est lié à des enjeux particuliers qui ont parfois une portée générale. Ces multiples tensions concernent des problèmes fonciers particuliers souvent récurrents dont l’importance a parfois été négligée au profit de la seule observation des mécanismes de régulation. La présentation de synthèses comme d’exemples particuliers peut permettre d’apporter des éclairages révélateurs à des échelles ajustables, de la parcelle jusqu’à la province et même le royaume, sur la nature de ces conflits.

Les acteurs méritent une attention redoublée : les chevaliers pillards, les châtelains ou autres avoués laïcs du Moyen Age laissent progressivement la première place au prince ou au roi, aux agents des communautés religieuses, des évêques ou des chapitres - tenanciers, contremaîtres, officiers, fermiers, régisseurs-, mais aussi riches paysans, bourgeois, marchands, citadins ou corps de ville, acteurs très actifs dans la négociation de contrats prometteurs et les aliénations de ces propriétés.

 

Programme

9h30 - 10h00 | Paul-Henri Lecuyer (Université catholique de l'Ouest - Angers) (en visioconférence)

Au coeur du conflit : Les notices de Saint-Florent de Saumur.

Le très volumineux fonds d’archives de l’abbaye bénédictine de Saint-Florent de Saumur se singularise notamment par la présence d’un nombre considérable de notices (près de cinq cents). Ce sont des documents rédigés au style objectif auxquels les moines avaient recours essentiellement pour consigner des donations effectuées en leur faveur, mais également pour enregistrer des jugements et arbitrages judiciaires, des convenientiae ou des récits de différends portant sur la propriété des biens de l’établissement.

Notre attention se portera tout particulièrement sur la catégorie des notices « de conflit », très courantes dans les chartriers des monastères du Val de Loire. À travers ces documents, les religieux saumurois donnaient libre cours à une narration parfois très riche et mobilisant une rhétorique foisonnante, dans le but de conserver la mémoire de certains faits, notamment dans le cadre de litiges judiciaires. 

Nous nous attacherons à analyser le contenu de ce type documentaire et ses évolutions entre le milieu du XIe siècle et le troisième quart du XIIe siècle et à mettre en évidence les éclairages qu’apportent ces notices sur les modalités de résolution des conflits qui ont scandé l’histoire de l’abbaye Saint-Florent de Saumur au Moyen Âge central.

10h15 - 10h45 | Frédéric Boutoulle (Université Bordeaux Montaigne - UMR Ausonius)

Des landes aux dunes. La seigneurie du chapitre cathédral de Saint-André de Bordeaux à Lège au XIIIème siècle [Lège-Cap-Ferrret, Gironde]

C’est à la faveur d’un arbitrage réglant un conflit entre le chapitre cathédral de Bordeaux et son prévôt de Lège, par l’archevêque Guilhem Amanieu (1207 et 1227), que l’on découvre la seigneurie canoniale en ce lieu, situé à 50 km à l’ouest de Bordeaux, à la pointe nord du bassin d’Arcachon, dans un environnement de landes, de sable et de dunes littorales. Avec d’autres documents du cartulaire canonial de Saint-André (AD 33 4J73), cet accord met en lumière des aspects majeurs du prélèvement seigneurial sur la population locale, son adaptation à la distance, ainsi que les ressources escomptées par les chanoines, dont la nature souligne la spécificité de l’environnement de cette partie des Landes de Gascogne : importance de l’élevage et de la culture du mil, ressources halieutiques et cynégétiques, contrôle de la côte.

10h45 - 11h00 | Pause

11h00 - 11h30 |  Merlin Muzellec (Université Rennes 2 - LAHM, UMR 6566 CReAAH)

Notre-Dame de Lanvaux et son domaine à l’époque moderne : droits, contestations et procès

L’abbaye cistercienne de Notre-Dame de Lanvaux aurait été fondée en 1138 par Alain, seigneur de Lanvaux, à Brandivy, trêve de l’ancienne paroisse de Grand-Champ du diocèse de Vannes. Le domaine de l’abbaye, implanté à la jonction du coteau et de la plaine alluviale, est longé au sud par la rivière du Loc’h.

Au fil des siècles, le voisinage de l’abbaye évolue. Ainsi, suite à la saisie des terres de la seigneurie de Lanvaux au XIIIe siècle par le duc Jean 1er, ces dernières sont partagées entre le domaine ducal et celui des Rohan. Par la suite, à la fin du XIVe siècle, une partie de ces terres est offerte aux chapelains de Saint-Michel d’Auray, remplacés par des chartreux en 1482. Enfin, la dotation des chartreux sur la paroisse de Pluvigner est aliénée aux seigneurs de Kerambourg à la fin du XVIe siècle : la famille de Malestroit d’abord, celle de Robien ensuite.

Ces puissants voisins aux portes de l’abbaye, ecclésiastiques puis laïcs, sont à l’origine d’importants conflits avec les religieux de Notre-Dame de Lanvaux, communauté déjà affaiblie à la suite d’une série de crises, notamment la mise en commende de l’abbaye. Nous proposons de nous intéresser aux causes et arguments de certains de ces contentieux, mais également aux preuves apportées par les moines cisterciens pour tenter de protéger leur domaine, dont les titres primitifs sont alors, et demeurent, perdus.

11h45 - 12h15 | Nigel Ramsay (University College London) – (Communication présentée par Cédric Jeanneau)

From leasehold to farming out, and from farming out to direct management - and then back to leasehold? Experiences of the English ecclesiastical landlords

I will look at the patterns of landholding by the English religious houses - primarily the 'native' English priories and abbeys, but also taking in the 'alien priories' or dependencies of French abbeys and priories. One aim must be to see whether and how the Church's estate-management may have differed in its nature or in details (such as the keeping of records of the accounts and of the local law-courts of each manor or estate) from that of lay landowners. Central to any such investigation is the question of the survival of the religious houses' records: much English research in recent years has assumed that these records offer evidence that is representative of tenurial practices in society at large

12h15-14h15 | Déjeuner

14h15 - 14h45 | Isabelle Guégan (Université de Bretagne Occidentale – CRBC)

Gérer à distance un temporel éloigné. La correspondance échangée entre le régisseur de la seigneurie de Callac et le procureur de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé au XVIIIe siècle.

Entrée en 1572 seulement dans le temporel de l’abbaye bénédictine Sainte-Croix de Quimperlé, la seigneurie de Callac en Haute-Cornouaille est distante de près de 80 km de la ville et du temporel primitif de l’abbaye. Cette faible distance est pourtant suffisante pour que la gestion de cette seigneurie soit confiée aux soins d’un régisseur/intendant qui rend compte de son activité par une correspondance soutenue avec le prieur ou le procureur de Sainte-Croix à Quimperlé. Le temporel de Sainte-Croix dans la seigneurie de Callac est essentiellement composé de tenues à domaine congéable mais aussi de quelques censives, de bois et de droits étendus (justice, foires, coutumes, moulins, halles, etc.). Le régisseur de la seigneurie de Callac doit gérer au mieux le temporel de l’abbaye et veiller à la rentrée régulière des revenus portant sur les banalités et les terres. Cet homme exerce une  surveillance générale sur ce temporel éloigné et veille à ce que les droits de l’abbaye soient respectés. Représentant de l’abbé de Sainte-Croix à Callac, il accorde les baillées à domaine congéable, rend compte des coupes de  bois qu’il a autorisées, de l’affermage des dîmes tout comme il ordonne la réparation des moulins ou halles appartenant à l’abbaye. Cependant, malgré un rôle central, il est tenu de rapporter à son supérieur les désordres intervenus dans la seigneurie (abus des paysans dans les bois de l’abbaye, fronde paysanne face à la perception des dîmes) tout comme il tient le procureur de Quimperlé au courant des diverses procédures menées dans la seigneurie. À l’inverse, la correspondance en provenance de Quimperlé lui indique quelle démarche adopter lorsqu’il a sollicité l’avis du procureur face à un cas complexe. Tout comme dans une seigneurie laïque, ce régisseur tient un rôle d’interface entre le seigneur abbé et les vassaux d’une seigneurie éloignée.

15h00 - 15h30 | Philippe Jarnoux (Université de Bretagne Occidentale - CRBC)

Les ventes de biens d'église dans la Bretagne du XVIe siècle (vers 1560- v.1620)

Avec le développement de la Réforme dans la première moitié du XVIe siècle, la question de la légitimité et du devenir des patrimoines de l'Eglise catholique est posée de façon brutale en Europe, dans l'Empire, les îles britanniques ou les royaumes scandinaves par exemple. En France, dans un contexte religieux spécifique puisque les Réformés restent minoritaires et que le pouvoir d'Etat ne bascule pas dans l'opposition ouverte à l'Eglise romaine, les débats se cristallisent autour de la participation de l'Eglise au financement de la lutte contre les huguenots. De vastes aliénations de biens religieux s'engagent néanmoins en 1563 après le déclenchement de la première guerre de religion.
Cette communication s'efforcera de dresser un tableau de ces aliénations à l'échelle de la Bretagne en 1563/64 et de soulever quelques points d'interrogations pour les décennies suivantes, cette thématique n'ayant presque jamais été abordée dans l'historiographie bretonne.

16h00 - 16h30 | Elsa Carrillo-Blouin (univ. de Bretagne Occidentale)

Des premiers pas de la desamortizacion du Mexique indépendant, à la loi Lerdo de juin 1856

Dans le cadre de cette communication, nous voudrions faire un panorama des pas hésitants des gouvernements qui se sont succédé au Mexique après son indépendance, pour aller vers cette modification des formes de transmission de la propriété qu’a impliqué la Loi Lerdo de 1856. Ceci nous permettra de voir comment les vicissitudes qu’a vécu ce pays suite à son indépendance, ont déterminé la lenteur et souvent l’improvisation dans l’application de ces mesures, au gré des luttes internes autour de cette même loi et des interventions étrangères. Par la suite, l’acquisition même des biens finalement nationalisés, permettront à de nombreux ressortissants de ces mêmes pays étrangers, d’acquérir leur propre nationalité mexicaine.

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