Méthodologies des transitions
L’ampleur des enjeux de transitions socio-écologiques questionne profondément le monde de la recherche. Cibles d’attentions et d’attentes multiples, les chercheurs et chercheuses sont enjoints à apporter des réponses efficaces, concrètes et opérationnelles dans un horizon immédiat en dépit du contexte aléatoire et caractérisé d’inconnus. L’urgence devient un registre temporel imposé avec son lot de contradictions, d’absence ou d’insuffisance d’anticipations des impacts socio-économiques et écologiques, comme l’illustre tragiquement l’actuelle pandémie COVID. Difficile d’imaginer que de telles turbulences contextuelles majeures ne se répercutent pas sur le processus de construction des connaissances scientifiques. Appréhender, comprendre et répondre à ces enjeux systémiques des transitions socioécologiques croisant complexités spatio-temporelles, crises institutionnelles et incertitudes constituent inévitablement des défis méthodologiques d’envergure pour les chercheurs de toutes disciplines.
Dans ce contexte, les méthodologies actuelles de la recherche sont-elles adaptées ? Quelles adaptations sont nécessaires ? Quel genre de contraintes et d’opportunités les processus de transition socio-écologiques ouvrent-ils pour la recherche (inter-, trans-) disciplinaire ? Quelles innovations méthodologiques peut-on concevoir dans cette dynamique ? Le défi est pluriel et interroge directement les pratiques de recherche : la détermination et l’articulation des méthodes, de grands écarts méthodologiques dans l'intégration interdisciplinaire (modèles de simulation numérique et les cartes cognitives), ou l’évaluation des méthodologies sont autant de défis amplifiés par caractère apparemment inextricable des problèmes posés (wicked problems).