Avant la révolution ?
Le passage du mode de vie des chasseurs – collecteurs à celui des paysans – éleveurs a non seulement touché le monde matériel, mais il a également fortement modifié l’organisation des sociétés d’un point de vue social et symbolique. Ce projet s’intéresse à une mutation technique fondamentale intervenue au milieu du 7e millénaire avant notre ère au sein même des groupes mésolithiques, dans toute l'Europe (à l’exception des Îles britanniques) ainsi qu'en Afrique du Nord. Elle se caractérise par l'apparition rapide de lames larges et régulières en silex, débitées soit par pression, soit par percussion indirecte, deux techniques en claire opposition avec les pratiques antérieures sur cette aire géographique. Ces lames sont ensuite transformées par des retouches pour produire notamment deux types d’outils répandus sur toute cette aire géographique : des pointes de flèches de forme trapézoïdales (les "trapèzes") et des lames à encoches latérales. Au-delà des nouveaux outils en pierre observés par l’archéologue, c’est donc un système technique qui va progressivement recouvrir l’Europe, comprenant des gestes, des styles, des techniques et des savoirs nouveaux.
La question des changements connexes – et notamment des domestications végétales ou animales - est récurrente dans la littérature sur le sujet ; il faut bien admettre que les preuves qui en sont apportées restent peu convaincantes, même si l’on ne peut totalement écarter – au moins de manière théorique - l’hypothèse de pratiques économiques marginales rendues presque invisibles par la dégradation de la matière et le passage du temps. Le projet que nous présentons a pour objectif fondamental de progresser sur la question du second Mésolithique en clarifiant les caractères techniques et typologiques à l'échelle du de l'Europe nord occidentale, en cherchant à en expliquer la genèse et en identifiant les moteurs et vecteurs de sa diffusion paneuropéenne, notamment les changements environnementaux.