Les nouvelles mobilisations du travail dans la mondialisation
Le projet COMPAR-INTERNA-TRAV a pour objectif d’amorcer le démarrage d’une recherche franco-québécoise pluridisciplinaire (sociologie, économie, gestion, droit, recouvrant peu ou prou le champ pluridisciplinaire québécois des « relations industrielles ») sur les nouvelles configurations organisationnelles de la relation d’emploi engendrées par la mondialisation des systèmes productifs.
Pour répondre aux injonctions contemporaines du capitalisme financier, la mondialisation des systèmes productifs se déploie en effet en nouvelles stratégies d’entreprises dont un « re-engineering » des chaînes de valeur et un recentrage sur les métiers de base de l’entreprise qui conduit à délaisser les activités dont la rentabilité est inférieure aux normes internationales (« benchmarking ») exigés par les investisseurs et à externaliser la production de certains produits ou services (ex : développement de l’externalisation de la gestion des ressources humaines vers des agences de travail temporaire) susceptibles d’être fabriqués d’une manière plus compétitive par des entreprises sous-traitantes.
Ces différentes stratégies d’entreprises suscitées par les transformations récentes du capitalisme financier qui transcendent les frontières des États nations engendrent de nouvelles formes de mobilisation de travail.
C’est la question de cette déclinaison différenciée des formes de mobilisation de travail en fonction des contextes nationaux qui sera au cœur de ce projet de recherche. Nous faisons en effet l’hypothèse que les formes de mobilisation au travail sont façonnées par des « effets sociétaux » liés aux structurations sociales (le type d’Etat Providence et le profil des politiques publiques), au contexte socio-économique (les configurations du système de formation et du marché du travail) et à la conjoncture économique.
Trois nouvelles configurations organisationnelles, toutes dérivées de l’externalisation, ont été particulièrement ciblées dans le cadre de cette recherche : la sous-traitance, le travail indépendant exercé pour des entreprises et le recours à des travailleurs embauchés par des agences de placement temporaire. Elles ont en commun de mettre en relations diverses catégories de travailleurs avec des entreprises clientes qui, sans avoir à leur égard le statut juridique et les responsabilités d’employeur, exercent néanmoins un contrôle sur le contenu et les conditions de leur travail. Ces configurations organisationnelles ont pour effet de modifier la nature de la relation d’emploi : dans la relation d’emploi classique, caractérisée par un échange entre subordination et sécurité (Supiot, 2004), l’instance qui contrôle le travail assume également le risque économique et la responsabilité de la protection ; dans les nouvelles configurations, il est fréquent que les travailleurs, qu’ils soient salariés ou indépendants, subissent les effets du contrôle, tout en assumant individuellement les risques.