L'expertise comme objet flou
Ce projet de rencontre scientifique part de l’idée que l’expertise constitue avant tout un objet aux contours « flous », dont l’hétérogénéité est à comprendre non pas tant comme un obstacle à la connaissance que comme ce qui fait l’intérêt même de son analyse. Dans une perspective de sociologie classique du social, il s’agit alors d’abord de prendre acte du fait que, comme l’intellectuel en son temps, l’expert est aussi porteur de luttes pour l’autonomie d’un espace d’actions, dont il est à la fois le produit et l’objet. Cette optique permet de renseigner utilement les enjeux que recouvrent les différents usages sociaux de l’expertise, mais également l’inscription de certaines pratiques (individuelles et collectives), professions, institutions ou politiques publiques apparentées à ce thème, dans des formes d’actions spécifiques, souvent héritées du passé, qui se retrouvent aujourd’hui largement « routinisées », codées, voire normalisées.
Ce projet de rencontre scientifique se veut une occasion de saisir et d’articuler de façon dynamique les différents types de classification permettant aujourd’hui de lire l’expertise et d’en rendre compte, à travers la multiplicité des enjeux qu’elle suscite . Dans cette perspective, tout en constituant un objet de recherche en soi, l’expertise peut être interprétée comme une entrée heuristique dans la fabrique du politique, invitant tout aussi bien à interroger les identités que les professions, l’action collective ou l’action publique en général.