Le renouveau par la culture ? Le rôle des réseaux dans les projets
Cette recherche s’inscrit dans l’axe « Gouvernance » de la MRSH de Bretagne et du laboratoire ESO-Rennes.L’implantation de la Fondation Guggenheim à Bilbao en 1997 avait attiré l’attention sur le fait que la culture ne se fait pas dans une tour d’ivoire, coupée de son environnement social et économique. Or, on semble assister de nos jours à une articulation, de plus en plus étroite, entre les enjeux culturels, sociétaux et économiques. Au cours des dernières décennies, l’équilibre entre les différentes motivations (et justifications) des investissements dans la culture paraît avoir changé en faveur d’une perception plus économique. Ceci concerne plus particulièrement le contexte territorial et les politiques menées à ce niveau en faveur du développement économique territorial. Dans le cadre d’un premier projet de recherche (MUSERESO I, 2010-2012) soutenu par la MSHB, des enquêtes empiriques avaient été réalisées par les partenaires pour étudier des cas concrets de projets de nouveaux musées dans différentes villes en Europe. L’accent avait été mis sur l’analyse de la genèse de ces projets et de leur encastrement dans des réseaux. Dans le prolongement de ce premier projet, le projet MUSERESO 2 visait à en approfondir les conclusions par des enquêtes complémentaires et à valoriser les recherches réalisées jusque-là. Certaines méthodes mentionnées dans la proposition du projet initiale de juin 2012 n’ont cependant pas pu être suivies, en raison d’un réaménagement du programme de travail, devenu nécessaire pour l’adapter à un budget moins important que prévu initialement, ainsi que d’une réorganisation des activités de l’équipe en partie consécutive au détachement de l'une des parties prenantes (Jean-François Polo, CRAPE) à l'Université Galatasaray (Istanbul, Turquie). En même temps, l’opportunité s’est présentée d’élargir le groupe des partenaires, en y associant de nouveaux chercheurs d’autres pays et en poursuivant le projet en réseau dans un cadre international élargi en conformité avec la vocation de la MSHB, en se donnant comme objectif la réalisation d’un ouvrage collectif. Ceci nous a permis d’associer à la fois des spécialistes reconnus des politiques culturelles et de bénéficier des contributions très pointues de chercheurs spécialistes pour l’analyse de cas empiriques concrets. Ainsi, la problématique des musées et du développement territorial a été abordée d’un point de vue général et théorique et à partir des études de cas, en commençant par l’analyse du Musée Guggenheim à Bilbao (MGB), référence incontournable. Ensuite ont été étudiés les musées des Beaux-arts en Grèce, les nouveaux musées en Europe centrale et orientale, le musée Istanbul Modern en Turquie, le Louvre-Lens, le nouveau Centre Pompidou à Metz, le musée Folkwang à Essen (Allemagne), la création de la Tate Liverpool, le Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix, le Musée des Arts Contemporains de Mons (Belgique), le Musée Ostwall de Dortmund (Allemagne), et enfin le cas du MuCEM à Marseille. Aucun ouvrage de langue française n’avait abordé jusqu’ici autant d’exemples significatifs à l’échelle européenne dans le cadre d’une grille d’analyse commune éclairée par l’étude initiale du cas emblématique du MGB. Au terme de cet ouvrage, nous sommes donc en mesure de tirer quelques enseignements de la diversité des études de cas présentées. En effet, si la réussite du Guggenheim de Bilbao apparaît bien, au moins filigrane, comme un modèle inspirateur (à l’exception de Tate Liverpool qui lui est antérieur), la variété des musées analysés invite à prendre en considération les spécificités nationales et les contextes locaux pour comprendre d’abord quelles ont été en priorité les attentes des instigateurs de ces projets, ensuite les modalités opératoires qui vont permettre (ou pas) que ces musées voient le jour, enfin les effets de ces musées sur le développement local.