Lancé en septembre 2015 pour une durée de 36 mois aux Archives de la critique d’art, le projet de recherche pluridisciplinaire PRISME envisage la critique d’art, au-delà du seul discours esthétique, comme un terrain dynamique des débats de la société qui lui est contemporaine. Il repose sur l’analyse scientifique et sur le traitement documentaire (dépouillement, numérisation et référencement dans une base de données en ligne) des fonds d’archives de l’Association Internationale des critiques d’art (AICA) sur la période 1948-2003 et AICA France (1970-1980), ainsi que sur leurs croisements avec les fonds d’archives de critiques individuels (tels que P. Restany, M. Ragon, F. Popper, G. Gassiot- Talabot, F. Pluchart, D. Foresta), également conservés aux Archives de la critique d’art à Rennes.
Pour cette vaste enquête ont été retenues les thématiques des Congrès de l’AICA International (par ex. Art et télévision, Art et ville, Art et technologie, Fonctions de l’art et mouvements sociaux, Centre et périphérie) ainsi que la chronologie du fonds depuis 1948 jusqu’en 2003 comme cadre principal du projet. Révélant une véritable cartographie de la critique d’art sur la seconde moitié du XXe siècle, l’analyse des activités de l’AICA permettra d’examiner des questionnements transnationaux et transdisciplinaires qui tiendront compte, dans le sens d’une lecture horizontale, de la circulation et des échanges d’idées dans des contextes géopolitiques mouvants. Deux grandes lignes transversales serviront de premiers fils conducteurs : la critique entre sciences, technologies et médias ; la politique comme espace de débat de la critique.
Au sein de ce projet déjà en place, la MSHB est sollicité pour contribuer au financement d’une action complémentaire : la constitution d’un réseau pluridisciplinaire de chercheurs aux niveaux régional, national et international, principalement rattachés, aux côtés de l’histoire de l’art et de l’architecture, à la philosophie de l’art, à l’histoire des médias, à l’histoire contemporaine, à l’épistémologie et à la sociologie. La mise en place du pôle « Arts et création » au sein de la MSHB apparaît comme le premier point d’ancrage de ce réseau.
En appréhendant la critique d’art comme un prisme épistémologique, ce projet adopte un regard volontairement décentré du seul regard d’historien de l’art. À partir de l’accessibilité des corpus d’archives, il importe de susciter l’intérêt de la part de communautés scientifiques encore étrangères, pour certaines, à l’objet « critique d’art » et d’enrichir d’autre part la compréhension de l’histoire de la critique d’art sous l’angle décloisonné des enjeux sociopolitiques, culturels et scientifiques de son époque.